Sous ta couette ce week-end: Eliette Abécassis

« Elle est née pour séduire, pour capter les regards qui se posent sur elle, grâce auxquels elles se pâme sans s’évanouir, ceux qui la saluent, ceux qui passent, puis s’attardent, et finissent par s’arrêter, ceux qui tentent de deviner l’intérieur à travers ce qu’elle veut bien en laisser paraître, ceux qui la jugent, la jaugent, la jalousent, la convoitent, ceux qu’elle fait rêver ; elle mène avec tous ceux qui s’y risquent une conversation silencieuse, les mots ne sont pas nécessaires pour qu’elle raconte son histoire, l’histoire de celle qui a décidé de sortir pour se montrer, qui se cache sans se cacher, plie sans ployer, dévoile sans montrer, qui sait qu’elle n’a pas le temps, elle est née hier, et demain déjà, elle sera vieille, alors elle veut profiter, de sa liberté, de sa vie, de son règne éphémère sur les regards et sur les cœurs : belle, sombre, droite, altière , avec ce grain de folie, d’inachevé, quelque chose d’étrange, d’original, de gai, qui la rend différente, triomphante, et voluptueuse, qui palpite lorsqu’une main se tend, un sourire se dessine, un geste comme une esquisse, un signe pour elle, qui la fait naître, avant de mourir bientôt aux pieds d’un corps dévêtu et de retrouver son origine, de bout de tissu, de chiffon, de fil : la robe. »

Un roman (un essai devrais-je dire car la trame n’est pas clairement définie) sur les rapports maternels ; sur la difficulté de trouver sa place en tant que fille d’une égérie de la Mode, femme puissante, entière, à part.

Eliette Abécassis narre ici les destinées croisées de deux femmes, l’une mère, l’autre fille. Leurs parcours sont similaires, l’ambition est aussi forte chez l’une que chez l’autre, et avec elle, la séduction, la féminité comme étendards d’un art de vivre. Féminité qui se trouve totalement accomplie par la maternité, ce lien puissant qui va relier deux êtres. Lien fusionnel au possible, au risque d’étouffer l’une et l’autre, par ce trop plein de complicité, d’attachement qui fait que sans l’une, l’autre n’est rien.

La Mode n’est au final pas le thème principal de l’œuvre, elle sert à mettre en relief l’ardeur qui anime les deux protagonistes. Univers féminin,  passionnel, passionnant..

«Mère et Fille, un roman »
Eliette Abécassis
Editions Albin Michel

Une filiation de fil en aiguille